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Qui se cache derrière La Laine en Soi ?

Qui es-tu ?

Audrey, 42 ans. Agricultrice, avec mon conjoint Alexandre, sur la commune de Puttigny (Moselle).

Que fais-tu dans la vie ?

Éleveur d’alpagas (et quelques moutons) – Artisan lainier. Je produis du fil et divers objets à partir de la laine de mes alpagas.

crédit : la laine en soi

Quelles sont tes passions ?

La vie en pleine nature et les animaux.
C’est dans cet environnement que j’ai grandi.
Il y a également les arts textiles : j’ai débuté par la couture, puis je me suis intéressée à la matière textile et ses techniques d’élaborations (tricot, crochet, fuseaux, tissage…) et encore en amont au filage et au feutrage de la laine plus particulièrement.

Bref de mes passions, j’ai fait mon métier !

Pourquoi as-tu choisie cette vie ?

Être en accord avec soi et ses valeurs est un impératif pour moi.
Être, dire et faire en cohérence, c’est une question d’honnêteté envers soi même.

La vie est trop courte pour la rêver, il faut la vivre !

Pourquoi et comment t’es venue l’idée de transformer toi-même la laine de tes alpagas ?

L’idée de départ était de replacer en un même lieu l’élevage et toutes les étapes de travail et de création autour de la laine.
« Comme un retour aux sources, aux origines ».
Ce qui malheureusement tend à disparaître dans toutes les cultures et pays à travers le monde.

Il me semble absurde que l’évidence d’hier soit devenue une utopie aujourd’hui !
« Reste à montrer que tout est encore possible… »

Crédit : la laine en soi

Pourquoi choisir les Alpagas ? D’où vient ton attirance pour ces adorables petits animaux ?

Il y avait sur la ferme d’Alex, mon conjoint, une troupe de mouton. J’ai commencé avec quelques unes de leur toison. Mais, selon moi, les alpagas se prêtent plus que le mouton au projet de travail intégral de la laine à la ferme. L’originalité et les qualités exceptionnelles de cette laine mettent en valeur le travail d’artisanat.

De plus la finesse de la laine, l’absence de suint la rend plus simple à travailler avec mon matériel rudimentaire que j’ai choisie : fuseau, rouet, savon… et huile de coude!

C’est également la diversité de couleur des toisons des alpagas (noirs, marrons, blancs…) qui ouvre de grandes possibilités dans la création.

Mais si le choix des alpagas était au départ très pragmatique, je me suis vite fais attraper par le bout du cœur !


Ce sont des animaux extraordinaires et…pour tout dire, j’en suis tombée amoureuse !

Audrey nous parle de ses alpagas :

Ce sont des animaux à la beauté physique indéniable : leur toison, leur port de tête élégant porte ce long cou capable de toutes les contorsions, leurs immenses yeux noirs au regards si doux….
Ce sont des animaux très calmes qui dégagent une grande sérénité. Ils sont très attachant.
Leur curiosité de ceux qui les entourent est incroyable ( ils nous reconnaissent, ressentent notre humeur et agissent en conséquence). Ce n’est pas par hasard qu’ils sont utilisés en zoothérapie !

La vie en groupe est essentiel pour eux. Au sein de ce groupe, il est intéressant de voir leurs interactions et comment chacun exprime son caractère propre : le timide, le calme, la vigie, le leader, la mère cool, la mère éducatrice…

Leur élevage est très différent de celui des autres animaux d’élevage type ovin, bovin… tant sur le plan technique (reproduction, manipulations, soins…) que sur la relation qui s’établit avec l’éleveur.

Les alpagas m’apportent chaque jour : Un grand bonheur et de la confiance en moi.
Bien plus que leur toison, ils me permettent d’avoir la ressource pour créer.

Que t’apporte le toucher et l’odeur de la laine ?

C’est une question très pertinente. C’est bien par les sens que s’appréhende le travail de la laine.

La toison n’est pas lavée avant son travail (pas de suint). Le lien avec l’alpaga dont elle est issu est donc très présent. Comme si on caressait l’animal, finalement !

Douce et vaporeuse, cette matière deviendra plus ou moins gonflante, soyeuse, régulière… au cours du filage. Concernant le feutrage, il est très drôle de ressentir comment cette matière évanescente prends corps, se modèle, pour donner une toute autre matière, avec des formes très organiques.

L’odeur de l’alpaga empreigne les fibres et est conservé après le lavage.
Bien qu’animal, l’odeur est douce et subtil.

Crédit : la laine en soi
Crédit : la laine en soi

L’odeur est pour moi définitivement associée au plaisir que j’ai à la travailler !

Où puisses-tu tes idées créatives ?

Hou là là !!! Ma tête contient plus d’idées que j’aurai de temps pour les réaliser!!!

Plus sérieusement, je suis fascinée par les arts populaires. Il se dégage une force, une beauté, une poésie dans ces objets. C’est un équilibre entre l’utilitaire, la matière et le travail de l’artisan, artiste modeste.

C’est dans cet esprit, qu’une fois que je sais quel objet je souhaite réaliser, je met en relation les toisons, mes moyens techniques et ma sensibilité du moment…

Explication du nom La Laine en soi :

La laine en Soi s’entend aussi laine en Soie.
L’alpaga, surtout le type suri (alpaga avec de longues mèches tombantes) par opposition au type huacaya (au poil gonflant), présente une fibre de toison nacré et douce évoquant la soie.

Et puis la laine en soi, c’est la laine telle qu’elle est, brute, sans travail dénaturant (par exemple lavage à l’acide pour ôter les impuretés, colorations, mélanges….). C’est le respect et la mise en valeur de ce que la nature offre. J’essaye de montrer la beauté de la matière en elle même, jusque dans ces imperfections.

C’est aussi et enfin, avoir la laine en soi, dans la peau…un peu comme une passion dévorante !

Autre chose à ajouter ?

Euh… c’est déjà beaucoup!
Pour en savoir plus, il faut voir mes créations !

Un mot, une phrase pour résumer qui tu es :

Comme un genre de paysan-artisan en amour de ses alpagas… Un peu quelque chose comme ça…