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Rencontre avec Stéphane, éleveur ovin !

Stéphane, fils d’agriculteur, s’installe il y a 20 ans comme éleveur de moutons. Il se destine à devenir ingénieur quand un voisin agriculteur part à la retraite. Ce dernier souhaite « un jeune pour reprendre ses terres ».
Stéphane aime les défis ! Il se laisse séduire par l’idée et repart étudier au lycée agricole de Château-Salins où il prépare un BTS agricole.

Pourquoi choisis-tu d’élever des moutons et pas des vaches ?

« Honnêtement, j’ai fait du mouton plus par nécessité plus que par conviction. L’ovin m’a permit de m’installer avec peu de capitaux et surtout la première année je vendais déjà des agneaux. J’ai pu réaliser un retour sur investissement rapidement. »

« L’élevage de mouton est un cycle court ! »

Stéphane, sportif lorsqu’il était gamin, a gardé l’âme du compétiteur, il croit en lui et en son projet.

Pendant 10 ans (1998 à 2008) il sera double actif, à temps plein comme contrôleur laitier et à temps plein sur la ferme.
Depuis son installation Stéphane ne cesse de développer son exploitation.
A un certain moment son cheptel compte jusqu’à 1200 brebis, à cette époque il réalise 45 hectares de céréales, élève les agneaux en bergerie pour les vendre dès le mois de mars.

En 2014, il décide de mettre l’exploitation tout en herbe.

Depuis plusieurs années, Il réduit son troupeau pour faire face à la sécheresse. En 2015 l’exploitation effectue son passage en bio.

« Je préfère nourrir mes animaux au maximum à l’herbe. C’était un non-sens d’avoir de l’herbe en conséquence et de faire des agneaux en bergerie. »

Passer de l’élevage en bergerie à l’herbe lui fait réaliser des économies de 20 000€. Cette étape permet à son exploitation d’évoluer positivement, aujourd’hui Stéphane et son frère s’occupent de 900 brebis.

« Dommage que nous ne soyons pas mieux rémunérés à la hauteur du travail réalisé. Bio ou pas c’est le même combat… le temps que nous passons à l’exploitation, l’attention qu’on porte à nos animaux, et je ne te parle pas de l’environnement, des prairies et autres bienfaits que nous pouvons apporter etc...
Tout cela n’est jamais reconnu. C’est tellement naturel pour nous éleveur de vivre comme ça et de faire cela. Nous n’avons jamais pensé mettre notre savoir-faire et notre savoir-être en avant, et la valoriser financièrement, nous n’avons jamais rien revendiqué alors qu’aujourd’hui nous avons tout de même un rôle essentiel à jouer par rapport au dérèglement climatique. « 

« Capter du carbone quand tu as des haies et des prairies cela y contribue ! Y’a pas plus écolo que les éleveurs ! »

Est-ce qu’élever les brebis en plein air vous laisse du temps libre ?

« C’est vrai tous les agneaux et brebis sont dehors en été . Ce qui veut dire sur chaque matin à 5h je suis dans les champs auprès de mes bêtes avec mon frère et mon épouse, chaque jour nous avons un lot que nous vérifions si il n’y a pas d’asticots, si les pattes sont en bonnes santé, si ça ne boite pas, il y a également la pesée des agneaux, leur donner à boire. Nous réalisons la fenaison sur les prairies laissées libre à la saison estivale. Ce foin nourrira les bêtes en hiver. »

Aujourd’hui l’exploitation comprend 180 hectares pour 900 brebis. A la fin de la période d’agnelage l’exploitation atteint 1200 agneaux à s’occuper.Ce qui fait environ 1,5 agneaux par brebis, sous l’œil attentif de Stéphane, son épouse et son frère.
Il garde des femelles pour renouveler le troupeau le reste est vendu pour la viande. Quand aux agneaux, ils seront vendus à la saison estivale.

Quand Stéphane regarde et parle de ses animaux, ses yeux pétillent.

Stéphane aime être le premier le matin et le dernier le soir à la bergerie.

« C’est des moments où tout est calme, j’observe les brebis, je vois s’il y a des choses anormales.
J’adore les béliers. Je les choisis pour leur docilité. « C’est agréable d’avoir un animal qui vient vers toi quand tu arrives à la bergerie ou dans les prés. »

Quand sa femme décide de rejoindre Stéphane sur l’exploitation, ils diversifient l’activité sur la ferme. Ils décident ensemble de construire un poulailler. Leur priorité est le bien-être animal. Mon épouse et moi aimons les animaux, nous sommes bien avec nos animaux, c’est clair !

« Les animaux sont bien, l’éleveur est bien. »

Être éleveur : C’est de l’observation au quotidien

Stéphane est-ce que ta façon de réaliser les choses évoluent avec le temps ?

« A force d’expérience, de rencontrer d’autres éleveurs ma façon de penser et de faire les choses a évolué. En 20 ans de métier, j’ai appris à rationaliser le travail, je suis passé de la fourche au nourrisseur automatique. J’ai toujours de nouveaux projets dans la tête pour diversifier mon exploitation.»

« Ce métier me permet de me remettre en question »

J’ai faim !
Je me sens mieux sans toute la laine sur mon dos !

Stéphane n’est pas qu’éleveur de mouton !

Depuis 25 ans, conseiller municipal à Réchicourt-le-Château et depuis 2020 maire du village.
En 2009 il commence à s’investir dans le syndicat ovin en tant que président.
Aujourd’hui administrateur au Fédération Nationale des Ovins et Vice-Président de la chambre d’agriculture « responsable du service élevage ovin ».

Avec les années Stéphane est devenu curieux.

« Le syndicat ovin m’a beaucoup appris. »

Il est déterminé et aime passer à l’action, il a horreur de stagner !!

Ses débuts et maintenant :

Il avoue que les 10 premières années de travail à l’exploitation n’ont pas été simples tous les jours, certains mois étaient compliqués.
Quand l’exploitation peut vivre d’elle-même là c’est plus facile de parler de son expérience et d’être légitime. C’est important pour être crédible et être respecté, de parler de ce qu’on a vécu, de notre expérience personnelle.

Stéphane souhaite par son métier et par ses différentes fonctions recréer du lien entre le grand-public, les élus et le monde agricole. Il veut trouver une cohérence qui dynamisera l’économie locale.

Depuis toujours Stéphane ouvre les portes de sa ferme. Les gens viennent régulièrement les dimanches après-midi voir les agneaux.

 » Aller à la rencontre des éleveurs pour mieux les comprendre, mieux les connaître, mieux en parler. Venir à la ferme permet de créer du lien, et faire sauter certains préjugés à l’encontre des agriculteurs. « 
« Ouvrir nos portes, c’est embellir notre métier, arrêtons de tout cloisonner ! Nous sommes tous liés d’une manière ou d’une autre ! « 

« Je suis toujours surpris quand les gens arrivent à la ferme pour voir les agneaux, ils me disent :
« Ouah, c’est propre ! »
Ma réponse : « notre quotidien est de prendre soin de nos animaux ! »
La question que je vous pose est : « Quelle image avez-vous du monde agricole ? »

N’hésitez pas à me laisser des commentaires par courriel ou par messenger, je transmettrai votre réponse à Stéphane.

Comment la laine est rentrée dans ta vie ?

Quand j’ai découvert le dossier Laine en 2018 avec le programme Défi-Laine.

J’étais encore président du Syndicat Ovin, j’ai été invité à la restitution de l’étude de marché au Parc naturel régional de Lorraine et depuis là je n’ai jamais lâché le dossier laine, j’ai toujours été dedans car il y a un truc qui m’a motivé : l’isolant !
J’ai découvert que nous pouvons faire de l’isolant localement.

« Le bureau d’étude nous explique qu’Il y a des races différentes de moutons avec chacune des finalités spécifiques. Alors que l’isolant peut-être réalisé avec toutes les races de mouton ! »

Élu à la chambre d’agriculture de Moselle, Stéphane apporte le dossier laine dans ses valises.

« De l’isolant avec toutes les laines. Je ne lâche pas le morceau. »

Stéphane est depuis toujours concerné par les enjeux environnementaux.
Quand Jean-Marc, chargé de mission au PnrL, le contacte pour un projet d’isolation avec de la laine pour une salle communal d’un village en Meurthe et Moselle. Stéphane et d’autres éleveurs répondent à la demande. Depuis là, Stéphane se prend au jeu de développer la laine pour l’isolation.

La laine est un projet fédérateur qui associe les élus, les éleveurs, les collectivités.

Lors du salon AGRIMAX à Metz, chaque année en octobre, nous, éleveurs, en profitons pour mettre le monde ovin et surtout la laine en avant en proposant des démonstrations/concours de tonte ainsi que les valorisations possibles de la laine sur le territoire.

Nous pouvons toujours compter sur nos partenaires du Parc naturel régional de Lorraine : Jean-Marc au développement de l’isolant et Marion au développement du fil et du feutre.

« Les chargés de missions Laine du PnrL, font un super boulot ! »

Aujourd’hui la laine n’est pas valorisée, c’est à nous ! ( éleveurs et élus) de prendre les choses en main et de proposer une solution de valorisation de la laine sur le territoire.

Pour la laine toutes les études ont été réalisé pour sortir le meilleur des projets, maintenant nous pouvons avancer, le projet est abouti !

Une unité de transformation de feutrage en laine semi-industriel où y sera également greffée la conception de l’isolation en laine devrait s’installer dans les bâtiments de Bata situé sur les communes de Réchicourt-le-Chateau et Moussey.

Il est important que Les éleveurs gardent la main sur l’outil industriel.

Travailler ici sur le territoire avec la laine du territoire pour une juste rémunération à 2,50€ le kg de laine

Un projet a 3 millions d’euros = 1,5 millions (capitaux + subvention) + 1,5 millions (prêts). Aujourd’hui, il reste à monter la Société qui sera sous forme coopérative d’intérêt collectif. l’intérêt est de créer différents collèges, un avec les agriculteurs, un autre avec les partenaires (PnrL, Syndicat ovin, chambre d’agriculture, associations, collectivités…). Une réflexion est en cours pour que les éleveurs est la possibilité de s’engager au capital de la société avec la matière première qui est la laine

Des projets d’isolation avec de la laine locale ont déjà été réalisé pour isoler des collectivités comme Mandres-aux-Quatres-Tours, Réchicourt-le-Château et la chambre d’agriculture de Moselle et d’autres projets sont à venir.

Stéphane est imprégné du dossier, il le connaît par cœur, il sait défendre le dossier et s’entourer des bonnes personnes pour en parler et conseiller. Quand Stéphane s’investit il va toujours au bout des choses.

Avec la laine il souhaite apporter de la valeur ajoutée dans les exploitations. Ce n’est pas normal qu’une matière première comme la laine ne soit pas valorisée.

Un mot pour finir :

« Toujours croire en ce que l’on fait, ne rien lâcher ! Être ouvert, aller de l’avant !
Savoir prendre des décisions, même si elles ne sont pas toujours facile à prendre. »