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Méti’s Laine : Alice et ses Brebis en Ardèche

Alice habite en Ardèche avec Max, son compagnon, et leurs deux enfants. Ils sont tous les deux bergers. Ils élèvent une quarantaine de brebis Mérinos d’Arles pour la laine et une soixantaine de moutons Blanche du Massif Central qui passe doucement
en MouréRous pour la viande.

Caroline : Alice tu es une fille de bergère et d’éleveur de moutons. Qu’est ce qui te touche dans ce métier pour perpétuer la lignée ?

Alice : Petite, j’aimais accompagner ma maman, bergère, dans les montagnes. Mon chemin était déjà tout tracé, je ne me suis pas posé la question c’était une évidence pour moi de devenir bergère, la brebis fait partie de ma vie.

Alice garde son troupeau sur les plateaux ardéchois
Max mène son troupeau

Caroline : Expliques moi ce qu’est un berger/ une bergère ?

Alice : Je pars tous les jours avec mon troupeau dans les prairies et les montagnes environnantes. Cela permet de varier l’alimentation des brebis par un apport nutritif différent en fonction des lieux et des saisons.

Selon elle, les différentes qualités du berger : c’est en premier être passionné par ses brebis, aimer la nature, aimer être dehors quelle que soit la météo, aimer être seul, être observateur et à l’écoute.

Caroline : Tu dis “Mérinos d’Arles, c’est dans mes gènes”, peux-tu m’expliquer ?

Alice : La race Mérinos me rappelle mon enfance, la Provence. Pour moi elle est belle, agréable à garder. Elle s’accorde à mes valeurs. Les brebis sont avec moi tout le temps.

Caroline : Quel caractère ont les Mérinos d’Arles ?

Alice : Elles sont paisibles, ont un esprit grégaire (un esprit de troupeau) très forts. Elles sont de bonnes mères, très maternelles. Les Mérinos élèvent facilement des petits agneaux orphelins. Elles aiment être longtemps dehors. Une Mérinos d’Arles en intérieur pendant 6 mois va être triste. J’aime leur caractère.

Caroline : Peux-tu nous expliquer une journée type avec toi et tes moutons ?

Alice : Les journées varient en fonction des saisons, en été les brebis sont dans de grands parcs, ce qui nous permet d’être plus tranquille.
A partir de fin août jusque fin février, nous partons avec les brebis la journée (9h/17h) sur les plateaux Ardéchois.
De fin février à fin mars, l’agnelage a lieu. C’est un rythme différent, c’est une période consacrée à être avec les brebis, voir les agneaux naitre, les nourrir et les soigner.
A la mi-avril en général, nous repartons avec les brebis à travers les montagnes et les prairies toute la journée (6h/20h).

Les brebis restent en parc la nuit sur les plateaux. Nous aimons retrouver notre chez nous et profiter de nos enfants. C’est l’avantage d’être deux ( Alice et Max) cela nous permet de nous relayer auprès du troupeau, de prendre du temps pour soi et la famille.

Mérinos d’Arles

Ils ont tous les deux une démarche de berger dans l’esprit car ils peuvent trouver dans la nature une alimentation saine pour leur brebis tout au long de l’année qu’ils affectionnent dans leur quotidien.

Caroline : Pourquoi as-tu décidé de transformer la laine de tes moutons ?

Alice : Pour moi, La Mérinos d’Arles a une fibre magnifique, douce, pas un poil de jar, un ressort sur les mèches. C’est une laine qui a une finesse, une chaleur, elle est respirante, isolante de la chaleur, protège du froid et de l’humidité. C’est une laine VIVANTE !
Mes parents étaient éleveurs et berger, de plus ma tante et ma grand-mère étaient stylistes chez Phildar. Depuis toujours je vois des pulls, des gilets, des gants, … se tricoter sous mes yeux.
Le fil à tricoter, la laine est une histoire de famille.

Maintenant Alice tricote avec la laine de ses brebis des produits qu’elle aime offrir ou vendre sur les marchés.

Caroline : Que ressens-tu au contact de la laine ?

Alice : C’est tout doux et tout chaud, j’aime mettre les mains dans la laine et sentir l’odeur de suint, l’odeur de la brebis. J’aime toucher les écheveaux, ressentir, imaginer ce que je vais créer avec ces fils, c’est que du plaisir !

Caroline : Quel chemin parcours ta laine après la tonte ?

Alice : C’est Max qui tond les brebis et moi je tri la laine.
Ensuite la laine part pour Saugues chez Laurent Laine pour y être lavée puis elle est envoyée chez Terrade à Felletin pour y être cardée et filée. Elle revient chez nous après 10 mois de voyage. Avec des temps de transformation long de la fibre en fil ce n’est pas toujours simple de gérer le stock !

Max à la tonte

Réaction de Caroline : 10 mois c’est long !

Alice : Oui ça prend du temps de filer de la laine Mérinos d’Arles. Cette année, j’ai envoyé environ 60 kg de laine triée.
Comme la laine des Mérinos d’Arles est riche en suint, la laver demande des bains plus long à des températures plus élevées. Laurent Laine doit laver ma laine bien souvent après les autres demandes.

Les 60kg après lavage se transforment en 30kg.

La fibre Mérinos d’Arles est plus fines que les autres fibres, ce qui demande à Terrade de changer les réglages des machines. Réaliser du fil à tricoter avec mes brebis est un chemin qui demande du temps.

De retour chez Alice la laine est sous forme de 390 écheveaux beige, gris ou marron. Elle vent sa laine en écheveau , en pelote et aime tricoter avec sa maman, pulls, bonnets, mitaines, tour du cou, écharpes…Toujours pour leur plaisir et le plaisir de ses clients.

La liberté !

Caroline : Personnellement je ressens (de ma Moselle) dans ton univers une dimension de liberté, d’autonomie, de convivialité, d’amour pour la nature et les animaux. Es-tu d’accord ?

Alice : je ne sais pas, je ne pose pas la question ! Être son propre patron peut-être stressant et m’empêcher de dormir certaines nuits. Mais, Oui c’est certain, être bergère est une grande liberté, vivre au grand air au quotidien.

Alice aime faire ce qui lui plaît ! Alice se sent autonome, elle n’a pas besoin de grand-chose pour vivre, elle aime vivre simplement profiter de sa famille. Elle aime ses Brebis et ses chiens « sont le prolongement de ses mains » compagnons fidèles de tous les jours !

Caroline : Tu crées du fil 3 et 6 avec la laine de tes moutons Mérinos d’Arles. Pourquoi ces deux tailles ?

Alice : Le Fil 6 est mon préféré depuis toujours pour tricoter des pulls d’hiver, des bonnets comme je les aime. Et j’ai souhaité trouver un fil un peu plus fin possible avec la laine de mes brebis, j’ai opté sur un 3 fils rotor en aiguille 4.
Les fibres de mon troupeau sont des mèches courtes aux fibres fines.
J’aurais pu réaliser un fil encore plus fin mais les mèches du troupeau sont courtes. Elles ne sont pas top pour du fil peigné au fil du temps et des lavages, le fil fin du pull va boulocher ! Si les mèches étaient plus longues je pourrais étirer le fil en plus fin mais ce n’est pas le cas.

Des pulls léger avec le fil 3 et des pulls plus chaud avec le fil 6…… c’est une laine polyvalente ! Sauf les chaussettes. Ces tailles de fils me correspondent, me plaisent, me vont bien !

Teinture végétale naturelle

Caroline : Je sais que tu réalises des laines teintées naturellement, pourquoi cette démarche ?

Alice : J’aime la teinture naturelle.

J’aime ce côté apprentie sorcière, je trouve cela trop rigolo !

Je me suis formée auprès de Marie Marquet (professionnelle). Jusqu’en 2019 je faisais mes propres teintures végétales. Depuis le déménagement je n’ai pas encore eux le temps et la place de tout déballer.
Du coup cela fait deux productions que je réalise avec Marie sur certaines couleurs. Il y a du rouge, du jaune et différents verts qui sont très très jolis. Marie connaît bien ma laine, je lui fais confiance.

Mes nouvelles laines teintées naturellement arrivent mi-février, j’ai hâte !

Caroline : Où peut-on trouver tes laines ?

Alice : Je fais parti de la Toison d’Art, je fais les marchés de la laine et toutes les fêtes de la laine à Crest…malgré cette année 2020 sans.
Je souhaite rester locale dans ma région. J’ose pas encore aller à la fête de la laine à Felletin, il y a trop de monde pour moi… peut-être un jour !
Mes laines sont présentes sur la boutique en ligne Laine de Cœur et dans deux merceries (Diois et en Haute-Loire).

Crédit : Méti’s Laine

J’aimerais trouver un atelier à Montpezat-sur-Bauzon où je pourrai y tricoter et rencontrer les gens. Mais voilà chaque chose en son temps !

Caroline : Pour conclure, si tu avais un mot ou une phrase pour symboliser (caractériser) ton travail et qui tu es, se serait

Alice : …BREBIS et toujours et encore Brebis jour et nuit !…..

Les produits de Métis’laine